Qui était Eustache Dauger de Cavoye, l’homme au masque de fer ?
Né en France au XVIIe siècle, cet homme aurait été impliqué dans divers scandales et est donc devenu l’une des théories les plus acceptées pour l’intrigante affaire du masque.
Ses parents , François d’Auger de Cavoye, mousquetaire du roi , et Marie de Lort de Sérignan. Ce couple a eu 11 enfants dont un Eustache né le 30 août 1637. Il commence une carrière militaire tout en menant une vie de libertin. En 1659, dans le château du comte Roger de Bussy-Rabutin, il participe à « l’orgie de Roissy » qui fit grand scandale à la cour de Versailles.

Le 30 avril 1687, un journal janséniste rapporte que Bénigne Dauvergne de Saint-Mars a amené un prisonnier d’État, « enfermé dans une chaise à porteur couverte d’une toile de cire et le visage caché par un masque de fer » et placé dans une cellule de 30 m2. Nul ne sait qui il est et personne ne cherche à le savoir durant tout le temps qu’il est enfermé sur cette île déjà enveloppée d’un drap de légendes. Nommé Gouverneur de la Bastille une décennie plus tard, Bénigne Dauvergne de Saint-Mars amène avec lui son prisonnier. Très rapidement, le tout Paris s’interroge sur son identité, mais aucune information probante ne circule. Chacun élabore ses propres spéculations sur le Masque de Fer. Un aristocrate en disgrâce tel que le comte de Vermandois (fils du roi-Soleil et de sa maîtresse Louise de La Vallière), le surintendant Nicolas Fouquet, Henri II de Guise, un amant de la reine, le chevalier d’Artagnan, un espion italien, un secrétaire du duc de Mantoue ou un frère adultérin du roi Louis XIV (une théorie avancée par l’écrivain Marcel Pagnol et qui a eu les faveurs d’Alexandre Dumas) ? Tant et si bien que lorsque le Masque de fer meurt en 1703, on ne se sait toujours pas qui il est.
Un prisonnier mystérieux à l’île Sainte Marguerite correctement traité
Bandes dessinées, poèmes, pièces de théâtre, un millier de livres sont parus depuis que Voltaire a consacré une partie du chapitre XXV du Siècle de Louis XIV à cette énigme (1751). Le Masque de fer est un mystère qui passionne , la personnalité d’Eustache Dauger dont le nom apparaît dans les papiers de Nicolas Fouquet comme le rapporte Jules Lair, un des biographes du surintendant des Finances, intrigue. Ce n’est pas la première fois qu’Eustache Dauger est cité par les historiens. Beaucoup d’entre eux s’accordent pour dire qu’il fut le Masque de fer. Dauger est un valet qui a eu le malheur d’entendre un secret d’état. Il est arrêté et conduit à la prison de Pignerol (Piémont) avant d’être remis entre les mains du capitaine de Saint-Mars, un mousquetaire du roi. L’opération est secrète et nul n’est au courant mis à part le ministre Louvois.

Le Masque de fer, demi-frère d’un roi de France ?
Eustache Dauger de Cavoye qui aurait subitement disparu en 1669, et qui serait le demi-frère de Louis XIV ?. Le dépoussiérage de la généalogie officielle de la maison Bourbon,indique que ce noble sans le sou et le roi-Soleil seraient issus d’une relation de la reine Anne d’Autriche avec François Dauger de la Cavoye. Il est vrai que la naissance de Louis XIV est également entourée de mystères, la plupart des rumeurs provenant d’ennemis de la monarchie qui évoquent l’infidélité de la reine avec le cardinal Mazarin en raison de l’homosexualité supposée de Louis XIII, peu porté sur la bagatelle avec les femmes. Les enfants de François Dauger de Cavoye seront élevés aux côtés de Louis XIV et connaîtront diverses fortunes. Eustache dépense trop, se couvre de dettes, tue un domestique un soir de beuverie et finit par être arrêté. La suite est connue.À cette époque, les crimes odieux sont traités de la pire des manières et le bagnard de cette affaire est apparemment le pire de tous. En plus d’être enfermé derrière les barreaux de la prison, il portait un imposant masque de fer, selon diverses rumeurs.

Eustache Dauger fut arrêté place d’armes à Calais, port d’embarquement pour l’Angleterre, en juillet 1669 par Alexandre de Vauroy, major de la ville de Dunkerque et amené ensuite à Pignerolles (où se trouve Fouquet) sous la garde de Saint Mars puis dans l’île Sainte Marguerite (la plus grande des îles de Lerins) et enfin à La Bastille où il meurt en 1703. Il serait « l’homme au masque de fer ».
« Au sieur de Vauroy, major de la ville et citadelle de Dunkerque, la somme de 3000 livres, pour avoir été lui quatrième de ladite ville de Dunkerque en la ville de Calais et de ladite ville en celle de Pignerol, lui cinquième, en poste pour affaire concernant le service de Sa Majesté. Au sieur de Vauroy pareille somme de 3000 livres pour avoir été lui quatrième de Pignerol en la ville de Dunkerque en poste pour les affaires du Roi. »
Pour quelle raison Louis XIV ne veut-il pas que l’on reconnaisse un prisonnier de petite noblesse, libertin et assassin. S’il était vraiment gênant il n’aurait certainement pas hésité à le faire exécuter.
Le 19 juillet 1669, Louvois écrivait au geôlier de Pignerol :
« Monsieur de Saint-Mars, le roi m’ayant commandé de faire conduire à Pignerol le nommé Eustache Dauger, il est de la dernière importance à son service qu’il soit gardé avec une grande sûreté et qu’il ne puisse donner de ses nouvelles en nulle manière et par lettre à qui que ce soit. Je vous en donne avis par avance afin que vous puissiez faire accommoder un cachot où le mettrez, seulement observant de faire en sorte que les jours qui seront au lieu où il sera ne donnent point sur des lieux qui puissent être abordés de personne, qu’il y ait assez de portes fermées les unes sur les autres pour que vos sentinelles ne puissent rien entendre. Il faudra que vous portiez vous-même à ce misérable, une fois le jour, de quoi vivre toute la journée et que vous n’écoutiez jamais, sous quelque prétexte que ce puisse être, ce qu’il voudra vous dire, le menaçant toujours de le faire mourir s’il vous ouvre jamais la bouche pour vous parler d’autre chose que de ses nécessités. Je mande au sieur Poupart de faire incessamment travailler à ce que vous désirez, et vous faire préparer les meubles qui seront nécessaires pour la vie de celui que l’on vous emmènera, observant que, comme ce n’est qu’un valet, il ne lui en faut pas de bien considérables et je vous ferai rembourser tant de la dépenses des meubles que de ce que vous désirerez pour sa nourriture. »
Oui mais voilà, il y a un détail troublant. Lui et son frère Louis né en 1639 ressemblent beaucoup à Louis XIV, né en 1638. Ils ont à peu prés le même âge.
Leur mère faisait partie des dames de sa maison de la reine Anne d’Autriche. Eustache et Louis ont été élevés avec le dauphin (le futur Louis XIV). Selon les chroniqueurs de l’époque le roi et Louis entretenaient une certaine amitié (ce qui n’a pas empêché le roi de l’envoyer quelque temps à la Bastille pour avoir séduit l’épouse d’un grand du royaume et pour s’être battu en duel).
De là à dire que François d’Auger de Cavoye, mousquetaire du roi, père d’Eustache et de Louis aurait été l’amant (occasionnel?) d’Anne d’Autriche. En déduire qu’il était le père de Louis XIV (et aussi de son frère Philippe d’Orléans ) il n’y a qu’un pas. Quel cataclysme dynastique si quelqu’un parlait! : Louis XIV ne serait pas le fils de Louis XIII. Il n’aurait aucun droit à la couronne. Cet Eustache pouvait être un danger.
Ne pouvant pas faire supprimer son demi frère, il le fait emprisonner. Pour éviter qu’un témoin quelconque fasse le rapprochement entre les deux visages (celui du roi figurant sur toutes les pièces de monnaie), il lui fait mettre un masque de fer.
L’homme au masque de fer était peut être le petit fils de Guillaume de Lort, seigneur de Sérignan et de Marie Bonnet de Maureilhan.

Le masque ou les masques, la réponse dans le mystère ?
Le 19 novembre 1703, M. Du Junca, lieutenant de Roi de la Bastille, notait dans son registre des sorties de la prison :
« Du même jeudi 19e de novembre 1703, ce prisonnier inconnu, toujours masqué d’un masque de velours noir, que M. de Saint-Mars gouverneur avait mené avec lui en venant des îles Sainte-Marguerite, qu’il gardait depuis longtemps, lequel s’étant trouvé hier un peu mal en sortant de la messe, il est mort le jourd’hui sur les 10 heures du soir, sans avoir eu de grande maladie, il ne se put pas moins. M. Giraut, notre aumônier, l’a exhorté un moment avant de mourir, et ce prisonnier inconnu gardé depuis si longtemps a été enterré le mardi à 4 heures de l’après-midi, 20 novembre, dans le cimetière Saint-Paul, notre paroisse , sur le registre mortuaire, on a donné un nom aussi inconnu que M. de Rosarges, major, et M. Reilhe, chirurgien, qui ont signé sur le registre. »
En marge :
« J’ai appris du depuis qu’on l’avait nommé sur le registre M. de Marchiel, qu’on a payé 40 livres d’enterrement»
D’ailleurs, le prisonnier a porté deux types de masques au cours de son emprisonnement. D’abord en fer, comme mentionné dans des documents datés de 1687, puis en velours noir lors de son arrivée à la Bastille. Il est probable que le masque que l’on peut voir au musée d’Art et d’Histoire de Langres soit celui qui a été porté par le Masque de fer. Un indice sérieux reliant Saint-Mars et Langres. C’est dans cette ville de la Haute-Marne que vécut l’héritier d’Eustache Dauger de Cavoye. Retrouvé dans un grenier en 1855, sous la crasse et des parchemins, le masque de Langres était accompagné d’une étrange inscription en latin :
« La mort arracha le masque en fer que le frère avait commandé de poser après la naissance du jumeau ».

Toutes les hypothèses sont donc permises, mais semblent mener vers une seule vérité. Un mystère qui continue de fasciner les passionnés d’Histoire de France.

Personne ne sait cependant quelle est l’identité réelle de cet homme, et encore moins la véritable raison de son incarcération. L’une des seules certitudes est qu’il est resté en détention pendant 34 ans et qu’il est mort en 1703 sous le nom de Marchioly.
« Le 20, Marchioly [ou Marchialy] âgé de quarante-cinq ans environ, est décédé dans la Bastille, duquel le corps a été inhumé dans le cimetière de Saint-Paul sa paroisse, le 20 du présent, en présence de M. Rosage, majeur de la Bastille et de M. Reghle chirurgien majeur de la Bastille qui ont signé. »
A peine trépassé, comme il en était l’usage, on brûla son linge, ses habits, son matelas et ses couvertures. Mais on alla plus loin. Les murs de sa chambre furent grattés et blanchis. On changea les carreaux et l’on fit disparaître toutes les traces de son séjour.
« de peur qu’il n’eût caché quelques billets ou quelque marque qui eût fait connaître son nom.»
Selon la légende, dans la nuit qui suivit l’enterrement du Masque de fer, un homme curieux creusa la tombe pour trouver une grosse pierre à la place de la tête.
Le cimetière, fermé en 1791 et détruit en 1796, des maisons furent élevées sur son emplacement avant que quelques ossements ne soient retirés hâtivement, ce qui signifie que certains y sont toujours dont peut-être les siens. Sinon, ils sont aux Catacombes.

M. de Saint-Mars, s’il connut l’identité de son résident garda le secret, comme le firent tous ceux qui le surent et qui n’étaient pas nombreux.







